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Péguy a reçu du fait de sa mort une telle valeur de sincérité que je me défends de rien faire d’autre ici que d’apporter quelques éléments de sa biographie spirituelle, quelques vues pour aider à la connaissance du cheminement de son âme. Péguy considéré comme une pensée héroïque. De quelle manière s’est constituée cette pensée ? J’ai demandé aux témoins de sa vie les stations de son ascension.

M. Fautras, dans la Réforme sociale de novembre 1915, M. André M. de Poncheville, dans Charles Péguy et sa mère (une brochure aux Cahiers de l’Amitié de France et de Flandre) ont rassemblé pour notre attendrissement et notre instruction tout ce qu’il faut savoir sur le berceau de ce petit enfant plein de cœur et laborieux. Lui-même, dans ses conversations et dans ses Cahiers, racontait volontiers ses premières années. Il est d’une famille de vignerons orléanais. Son père, ouvrier et petit patron, meurt peu après sa naissance et comme il a été soldat en 1870, on dit qu’il meurt des fatigues de la guerre. Le voilà donc élevé par sa grand’mère, vigneronne qui ne sait pas lire, qui a travaillé la terre, qui conte des histoires, et par sa mère qui a une petite entreprise de rempaillage de chaises.

Que cette Française encore vivante, Madame Péguy, mère de Charles Péguy connaisse la gratitude et la respectueuse affection que mettent à ses pieds les admirateurs de son enfant.

« Tout ce qu’il voulait, il l’avait, a dit à M. de Poncheville cette mère admirable dont les scrupules sont bien touchants, un livre, une boîte à couleurs. Et dire qu’on a écrit qu’il a eu de la misère ! Ça n’est pas vrai, ça ; on était pauvre, mais il n’a jamais manqué de rien.