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— Toujours. Aucun homme, autant que j’en connaisse, n’est plus incapable que lui de s’apercevoir comme il est parfois ridicule.

— C’est un garçon extraordinaire. Croit-il toujours que l’on ait le droit de lancer dans la circulation un drame en trois pièces comptant un nombre incalculable d’actes bizarres, avec des indications ridicules, exigeant, tout compte fait, six ou huit heures de représentation, d’une représentation qui ne viendra jamais, exigeant, en attendant, 752 — je dis sept cent cinquante-deux pages d’impression, d’ailleurs non foliotées, ce qui, vraiment, n’est pas commode, pages dont la moitié sont restées tout à fait blanches, ou à peu près, et dont la seconde moitié portent de si rares et de si singulières écritures que, vraiment, ce n’était pas la peine, — un volume, si j’ai bonne mémoire, mesurant vingt-cinq centimètres de long sur presque seize centimètres et demi de large et au moins quatre centimètres et demi d’épaisseur, mesurée au dos, — et pesant, tout sec, entends bien : pesant 1 kilo 520 — un kilogramme cinq cent vingt grammes, c’est-à-dire plus d’un kilo et demi, plus de trois livres.

— Il ne désespère pas de faire un jour des livres dont le poids aille jusqu’à passer deux kilos et qui sans doute serviront à ceux qui les auront de la main de l’auteur, car personne jamais ne les achètera. Ceux qui les auront de la main de l’auteur et qui, n’ayant aucun jardin à labourer, seront forcés de faire de la gymnastique en chambre, seront heureux d’avoir à leur disposition des livres aussi lourds, qui les dispenseront d’acheter des haltères.

— Croit-il toujours qu’il faille aligner à la fin des livres