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apparente que réelle. Ainsi, une dose donnée de strychnine produira la série des phénomènes qui lui sont propres ; le curare aura une action opposée, car il paralyse, tandis que le principe de la noix vomique produit la tétanisation. Autre exemple : l’atropine dilate la pupille ; l’érésine (fève de calabar) et les alcaloïdes de l’opium, sauf la narcéine et la morphine, au contraire, la resserrent. Ces deux exemples feraient croire à un antagonisme, si on n’examinait les choses que superficiellement. Il n’en est rien cependant. La strychnine tétanise, mais le curare paralyse en détruisant les plaques motrices terminales des nerfs, de sorte qu’un animal empoisonné par le curare ne doit pas être traité par la strychnine. L’expérience a démontré que deux sujets empoisonnés, l’un par la strychnine, l’autre par le curare, mettent un certain temps à mourir, mais que ce temps est plus court, quand au sujet soumis l’action de la première substance on donne du curare comme antidote. Ces deux agents ne se neutralisent donc pas, car ils agissent sur des éléments différents.

Il n’en sera pas de même si l’on administre du chloroforme contre la strychnine. Ici, les deux substances agissent sur un même élément, la cellule nerveuse ; celui-là la stupéfie quand la dernière l’a surexcitée. On combattra donc l’empoisonnement par la noix vomique au moyen du chloroforme avec chance de succès tant que l’absorption n’aura pas eu lieu ou lorsqu’elle ne fera que débuter.