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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

caractères, il n’intéressait point les spectateurs ; il les indignait même lorsque ses idées intérieures semblaient dangereuses et compromettantes pour l’ensemble du corps social.

Un mari trompé, tuant sa femme, devenait inadmissible ; un artiste réprouvant les mœurs de son temps, passait pour un misanthrope insupportable dont on tolérait les divagations avec peine. On n’admettait même plus la glorification classique de l’individualité physique ; — toute manifestation de beauté esthétique, toute exhibition de nu au théâtre, semblait inconvenante ou déplacée.

Ce n’est pas, je le répète, que les mœurs privées n’aient point été, à cette époque, plus corrompues qu’à toute autre, mais cela n’intéressait pas le Léviathan, et c’est au nom du corps social seulement que l’on protestait contre le corps humain honoré publiquement.

Avec les progrès de la science et l’unification des idées, toute discussion d’idées paraissait désormais inutile ; les conversations de salon n’existaient plus, la correspondance privée n’intéressait plus personne, la correspondance publique, au contraire devenait chaque jour plus en vogue et l’on ne se donnait la peine d’exposer ses idées qu’en l’es conformant au bon sens social dans un journal à gros tirage.