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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

naissait l’indiscutable supériorité de l’organisme scientifique qui gouvernait le monde.

Bien que se sachant mortels et ne bénéficiant que d’une vie fort courte, les hommes ne cherchaient plus, comme autrefois, à poursuivre l’universalité des connaissances humaines, à tout faire par eux-mêmes, à tout voir dans le monde. Chaque individu restait immuablement, là où le hasard l’avait placé, accomplissant sa fonction sociale sans protester, souffrant ou mourant à son poste, comme l’eût fait un héros des temps passés. Du reste, avec les exigences toujours croissantes de la spécialisation, il eût été fort difficile au bout de quelques années, de changer de poste. Différencié dès l’enfance, par une éducation savante et raffinée, ignorant tout ce qui n’était point son propre métier, l’homme n’eût été qu’une épave inutilisable si on l’eût changé de place. Seul, le Léviathan formidable bénéficiait de ces activités spécialisées et remplaçait, monstrueux végétal inconscient, cette universalité qui, jadis, était le propre de l’homme.

En vertu d’idées anciennes, on ne manqua point également, à la même époque, de confondre le Léviathan avec l’État. Ce fut là une grossière erreur, dont on revint par la suite, lorsque l’on comprit que les fonctions politiques n’étaient, à