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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

était, en effet, la condition même de son existence, et l’isolement ne lui laissait aucun sens.

Ce fut à ce passage difficile de la matière à l’idée que le vingtième siècle s’arrêta impuissant. Du reste il faut bien le dire, le langage ancien, basé sur les notions d’espace et de temps, ne pouvait rendre compte de l’Idée pure, et c’était pour cela que les mystiques ou les grands poètes de toutes les époques n’avaient pu trouver que des expressions vagues ou décolorées pour peindre l’idéal qu’ils rêvaient. Là où se terminait le monde connu à trois dimensions, là finissait également la terminologie. On fut bien forcé de constater cependant au vingtième siècle que dans la nature rien ne se créait et que tout se perdait ; que les corps se dématérialisaient plus ou moins rapidement, à l’imitation du radium, et que la fameuse balance des physiciens ne pouvait plus rendre compte de cette dématérialisation. La pensée artistique, l’idée de génie apparaissaient également comme des dématérialisations dont on ne pouvait physiquement rendre compte. Tout homme raisonnable se refusait cependant à considérer de pareilles transformations comme un anéantissement, et l’on ne pouvait assimiler sans absurdité le génie à la mort.

Lorsque l’on eut recours à la quatrième dimen-