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VOYAGE AU PAYS DE LA QUATRIÈME DIMENSION

puleux photographes en couleurs, le triomphe de la sculpture fut réalisé par le moulage, la littérature ne connut d’autre gloire que d’imiter le style rigoureux des rapports scientifiques et d’enregistrer des documents réalistes. Et comme, tout naturellement, la synthèse restait toujours la base inconsciente et inavouée de ces travaux, elle devint bientôt tout instinctive et, par conséquent, lamentable.

Un fait plus grave se produisit bientôt qui hâta la naissance du Léviathan. À force de répudier l’existence d’une conscience intérieure, les hommes qui, cependant, ne pouvaient s’en passer, s’imaginèrent de la projeter à l’extérieur, d’en faire une conscience fétichiste et sociale. De même que dans la vie naturelle du corps, certaines actions réflexes, habituelles et vulgaires ne réclament plus l’intervention du cerveau, de même, dans le nouveau corps social du Léviathan, une série de lieux communs, de nécessités d’usage, de principes arbitraires, forma comme une vaste conscience extérieure, comme un bulbe monstrueux qui fut l’embryon de conscience du Léviathan.

Comme au temps des religions primitives, les hommes se déchargèrent d’une partie de leur libre arbitre en faveur de règles surnaturelles, de superstitions sociales, de nécessités soi-disant