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faire la ronde du soir dans les cellules.

Le directeur.

J’étais étendu tout habillé sur le lit, lorsque, le lendemain de mon arrivée, le directeur de la prison vint me visiter. Il était accompagné de deux soldats.

— Vous dormez trop, c’est défendu ! me dit-il en franchissant le seuil.

Il s’arrêta au milieu de la cellule, dans la pose d’un général qui inspecterait des fortifications ennemies, puis il huma l’air de côté et d’autre, puis il s’approcha de la fenêtre, palpa le mur et la table et fit enfin mine de se retirer… Tout à coup je le vis fixer son attention sur le plancher de la cellule. Le parquet était ciré tous les jours par un détenu pour crimes de droit commun. Le directeur se baissa, prenant cette fois la pose d’un ingénieur qui ferait des travaux de nivellement ; ses sourcils se froncèrent ; il se tourna vers moi avec des yeux étincelants de colère :

— Qu’est ce que cela ?

Je le regardais de travers, mais je me tus.

— Que je ne voie plus rien de pareil ! Entendez-vous ! Pakhomof, un torchon !

Le staroj se précipita dehors pour remplir l’ordre donné et le directeur quitta la cellule avec majesté…

J’étais curieux de savoir ce qui avait pu encolérer à tel point mon geôlier en chef — je ne vis que quelques gouttes d’eau que le staroj avait répandues en m’apportant de l’eau le matin. Je fus tout étonné de l’esprit d’observation du directeur. C’est étrange