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ferme les pièces justificatives ; aussi ne s’adresse-t-elle guère qu’aux personnes qui font des textes bouddhiques l’objet de leurs études. Ce que le savant professeur y a accumulé d’érudition, ce qu’il y a mis de temps et d’efforts, de sagacité et de pénétration, ceux qui ont sous les yeux le Lotus, le comprendront tout d’abord. Ils reconnaîtront, dans ces mémoires si remplis, si conscieusement élaborés, un cours complet de linguistique comparée, une série de leçons consacrées à l’élucidation des textes cingalais et népalais. Peut-être se plaindra-t-on de la trop grande étendue de ces appendices ? À ce reproche on peut répondre par ce seul mot : dans tous, il y a beaucoup à apprendre. Ce qui arrêta M. E. Burnouf, en eût arrêté bien d’autres ; ce qu’il a jugé à propos d’éclaircir, avait donc besoin de l’être. Le Lotus, qui n’est pas très-long, renferme l’abrégé de la doctrine de Bouddha. Les appendices en sont le commentaire obligé ; et s’il se trouve, chemin faisant, des problèmes historiques à résoudre, des noms propres à fixer, des dates à établir, des faits à citer, regrettera-t-on que M. E. Burnouf ait pris la peine de reproduire des textes, des inscriptions, et qu’il ait généreusement livré au public le trésor de son érudition ?

L’Introduction à l’Histoire du Bouddhisme indien et le Lotus de la bonne Loi forment donc, à vrai dire, les deux volumes d’un même ouvrage ; le Lotus, sans commentaire, eût laissé beaucoup à désirer. La métaphysique, la morale et la légende s’y mêlent de telle sorte que le lecteur a besoin d’un guide qui marche devant lui en l’éclairant. C’est moins un exposé de la loi, fait pour l’enseigner à ceux qui l’ignorent, qu’une glorification de cette même loi, et une aspiration mystique vers les perfections qui conduisent à la sainteté. Sans doute, le Lotus renferme un abrégé précis de la doctrine de Çâkya Mouni ; si M. E. Burnouf l’a choisi parmi tant d’autres ouvrages, c’est qu’il l’a jugé digne d’être traduit, et peu au-dessous de la réputation dont il jouit parmi les Népalais. Qu’on le lise avec attention, on sentira passer à travers les hymnes, les paraboles et les prophéties qui le composent ce souffle de bénigne douceur, de mansuétude, qui sont les caractères dominants de la doctrine et des livres du bouddhisme. Le style en est calme et soutenu ; les images éclatantes s’y succèdent avec moins de splendeur et de vivacité que dans les traités brahmaniques ; mais c’est toujours l’imagination indienne, impressionnable, sensible à la poésie, prête à se répandre avec abandon. L’analyse est impossible ; il donne beaucoup à pen-