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éveil par les productions que d’illustres indianistes faisaient paraître en Angleterre et sur tous les points de l’Allemagne, il avait à cœur de défricher, le plus qu’il lui serait possible, le champ si vaste confié à ses soins. Comme s’il eût pressenti sa fin prématurée « il ne songeait pas un seul instant au repos qui lui devenait indispensable. Ses regards ne se tournaient pas avec complaisance sur ce qu’il avait fait ; il les portait avec ardeur et inquiétude sur ce qui lui restait à faire. À la fin de 1837, la Société asiatique de Paris recevait de M. Brian Houghton Hodgson (résidant anglais à la cour du Népal) une collection nombreuse de livres sanscrits, quatre-vingt-huit manuscrits, dont quelques-uns fort étendus, se rapportant tous à la religion bouddhique, qui est celle du Népal. « La Société asiatique, dit M. E. Burnouf lui-même[1], ne négligea rien pour témoigner à M. Hodgson toute sa gratitude ; mais il était évident qu’un des plus sûrs moyens de la lui exprimer, c’était de répondre d’une manière scientifique à l’appel qu’il avait cru pouvoir lui faire…… C’eût été mal reconnaître les efforts qu’il avait faits pour se procurer ces manuscrits, et la générosité avec laquelle il en disposait en faveur de la France, que de ne pas essayer de porter la lumière sur quelques-uns des ouvrages qu’ils renferment. » La même année, M. Schilling de Canstadt, faisait présent à l’Institut de France d’une riche collection d’imprimés et de manuscrits tibétains et mongols qui renfermaient la traduction de quelques traités sanscrits du Népal. M. E. Burnouf se mit en devoir de prouver à l’Europe que MM. Hodgson et Schilling de Canstadt, avaient eu raison de penser que la France rendrait à leur générosité un éclatant témoignage. Ces traités bouddhiques si nombreux, si étendus, si difficiles à entendre, et même à déchiffrer, il les lut attentivement et en fit des extraits considérables. Son choix se fixa pour une traduction à faire sur le Saddharma Pandarika ou Lotus de la Bonne Loi, l’un des neuf livres canoniques des bouddhistes du Népal. Quand l’ouvrage fut traduit, M. E. Burnouf voulut lui donner une preface, et ce travail, dans lequel le savant professeur rassembla tout ce qu’il avait recueilli de notes et d’observations sur le bouddhisme, sur Bouddha lui-même et sur ses sectateurs, devint le livre si remarquable qui a pour titre : Introduction à l’Histoire du Bouddhisme indien, publié en 1844. Puis, comme complément à ce même Lotus, qui est en quelque sorte

  1. Introduction à l’Histoire du Bouddhisme indien, p. 5.