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et que ceux qui les consomment pratiquent l’économie. Alors, de cette manière, les revenus seront toujours suffisans.

§ 20. Le prince qui est vertueux acquiert de la considération à sa personne, en usant de ses richesses ; celui qui n’est pas vertueux augmente ses richesses aux dépens de sa considération.

§ 21. Il n’est jamais arrivé que, lorsque le prince (ou le supérieur) est vertueux et bienveillant, le peuple n’aimât pas la justice. Il n’est jamais arrivé qu’un peuple, plein d’amour pour la justice, ait négligé ses devoirs ; et l’on n’a jamais vu, dans de telles circonstances, que les revenus publics n’aient pas été exactement payés.

§ 22. Meng-hien-tseu[1] a dit : « Ceux qui nourrissent des chevaux et entretiennent des chars ne s’inquiètent pas des poules et des pourceaux[2]. Une famille qui recueille de la glace[3], ne nourrit pas de bœufs et de moutons. Une famille de cent chars (un prince) n’a pas de ministres qui ne pensent qu’à amasser des trésors. Si elle avait des ministres qui ne pensassent qu’à amasser des trésors, mieux vaudrait qu’elle eût des ministres publiquement déprédateurs. »

Ce qui veut dire que ceux qui gouvernent les royaumes ne doivent pas faire consister leur richesse privée dans les richesses ; mais qu’ils doivent la faire consister dans l’équité (ou la droiture) et l’amour du peuple.

§ 23. Si ceux qui gouvernent les peuples ne pensent qu’à amasser des richesses pour leur usage personnel, ils attireront indubitablement auprès d’eux des hommes dépravés ; ces hommes

  1. C’était un sage, gouverneur dans la province ou royaume de Lou, qui vivait avant Confucius.
  2. Les grands ou les riches (ta-fou) de ce petit royaume qui se faisaient traîner sur un char attelé de quatre chevaux. C’est cet ancien luxe qui indigna le philosophe Lao-tseu (V. Tao-te-King, chap. II.)
  3. C’était un ancien usage de se servir de glace dans les grandes familles, en offrant des sacrifices aux manes des ancêtres.