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Avec le tuyau de ma lunette, je ne tardai pas avoir le bon tuyau, si j’ose m’exprimer ainsi, et comprendre en face de quel phénomène tout à fait nouveau et inconnu jusqu’à ce jour, je me trouvais. J’avais bel et bien devant moi une minuscule planète percée comme une écumoire, tout à fait à jour et qui, malgré sa petitesse, offrait à mes yeux l’image du plus grand désastre…

Et comme tout le monde s’esclaffait de rire, le vieux savant s’arrêta, sans se décontenancer le moins du monde, et reprit :

N’oubliez pas, Messieurs, que vous êtes priés de ne point faire attention aux calembours involontaires d’un pauvre extrême-asiatique, et sur ce, je continue. Je me trouvais donc en face d’une petite planète simplement rongée par les rats et qui n’était même plus une taupinière, mais une simple ratière, s’il était permis d’employer le mot dans ce sens-là.

Du reste, Messieurs, il n’y a pas là de quoi vous étonner et vous estomaquer tant que cela. À tout prendre, il n’y a là qu’un phénomène tout naturel et la seule chose qui puisse provoquer notre étonnement, c’est qu’il ne se soit pas encore produit un plus grand nombre de fois, du moins à notre connaissance.

Vous n’êtes pas sans avoir entendu parler des troupes de rats, musqués ou non, qui se sont emparé d’îles entières sur les grands fleuves et les grands lacs de l’Amérique ; ils ont formé là de