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exemplaires, menaçant de jeter les enfants insurgés à la porte du catéchisme, les menaçant eux et leurs parents de toutes les flammes de l’enfer. Mais il avait outrepassé la mesure le curé irascible ; en apprenant cela, les enfants s’entêtèrent et les mères, toujours un brin coquettes, comme toutes les filles d’Ève, toujours comme n’aurait pas manqué de remarquer un conteur de 1831, soutinrent leurs fils in mordicus et déclarèrent hautement dans tout le village qu’ils avaient absolument raison de refuser de servir la messe dans de semblables conditions.

Le curé, toujours sceptique, laissa écouler les quinze jours et, le dimanche venu, il en fut réduit à faire servir la messe par son vieux bedeau, si bedonnant qu’il ne pouvait même pas se mettre à genoux et se relever et si bégayant qu’il ne pouvait seulement pas donner les répons, encore moins les lire, ne sachant ni A ni B.

Le curé très mortifié et encore plus furieux, s’en alla dare-dare, après vêpres, voir toutes les mères des autres galopins pour se procurer de nouveaux enfants de chœur ; mais, comme Rodrigue, les petits avaient du cœur, ils se solidarisèrent avec les trois grévistes et il fut impossible au curé de trouver un gamin dans tout le village pour dire la messe. La chose commençait à devenir grave ; acheter les deux soutanelles neuves, il n’y songeait même pas, le bon desservant, il était bien trop avare et trop en colère.

Alors il eut une idée vraiment géniale. Il y