Page:Paul Sébillot - Littérature orale de la Haute-Bretagne.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.




La littérature orale a une tendance à disparaître, non pas en bloc et tout d’un coup, mais par émiettement, et il n’est que temps d’en sauver les débris.

Né en 1843, j’ai déjà constaté que des contes couramment racontés dans mon enfance, et que toutes les femmes savaient, ne se retrouvent plus aujourd’hui, et je n’ai pu, malgré des recherches obstinées, m’en procurer que des versions à demi-effacées : souvent des personnes âgées m’ont cité des fragments de contes qu’elles affirmaient avoir entendu conter jadis et qu’alors tout le monde savait d’un bout à l’autre.

Les chansons, en certains pays du moins, sont destinées à disparaître dans un avenir encore plus prochain que les contes ; elles ont à lutter avec les chansons des cafés-concerts et les romances sentimentales que les paysans trouvent de bien meilleur ton que les vieux airs d’autrefois. Aux noces de campagne, où l’on a conservé l’habitude de chanter au dessert, il est rare d’entendre autre chose que des ro- -