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Résolu toutefois à ne pas manquer cette expédition, je cherchai un moyen de transport à n’importe quel prix. En me promenant sur le rivage, je vis un petit canot à sec, et ayant trouvé son propriétaire, je m’informai si je pouvais le louer et si je trouverais un équipage. Cet homme m’en dissuada fortement en disant que le vent soufflait trop fort et qu’il n’était pas au pouvoir des hommes d’atteindre le Sault-Sainte-Marie le lendemain matin ; je n’en persistai pas moins et je finis par découvrir trois rameurs dont le plus âgé n’avait pas encore dix-neuf ans ; encore ne consentirent-ils à m’accompagner que sur l’espoir d’une grosse récompense. Ce fut ainsi que nous nous engageâmes pour un voyage de quarante-cinq milles dans une frôle embarcation, avec une couverture pour voile, et pour nourriture un seul pain, un peu de thé et de sucre.

Le vent étant favorable, le canot s’élança avec une rapidité effroyable, et le danger fut imminent depuis notre départ jusqu’à notre entrée dans la rivière Sainte-Marie au coucher du soleil.

Nous y restâmes vingt minutes pour y prendre notre thé ; mais alors s’éleva une nouvelle difficulté : une navigation de quarante-cinq milles sur cette rivière tout à fait inconnue, la nuit, contre le courant, et dans un chenal semé de nombreuses îles ; il fallait le traverser avant le jour, ou bien le travail aurait dépassé nos forces.

Nous partîmes immédiatement, et après une nuit de peines inouïes, après nous être fourvoyés mainte et mainte fois, et avoir désespéré sans cesse, nous eûmes enfin le bonheur de triompher complètement, et au petit jour, nous apercevions le vapeur si désiré.