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trée et le progrès et le couronnement. C’est une lumière si éclatante qu’elle rejaillit sur tout ce qui lui appartient. S’il y a quelque tristesse mêlée, et surtout à l’entrée, c’est de nous qu’elle vient, et non pas de la vertu ; car ce n’est pas l’effet de la piété qui commence d’être en nous, mais de l’impiété qui y est encore. Ôtons l’impiété, et la joie sera sans mélange. Ne nous en prenons donc pas à la dévotion, mais à nous-mêmes, et n’y cherchons du soulagement que par notre correction.

[§] Le passé ne nous doit point embarrasser, puisque nous n’avons qu’à avoir le regret de nos fautes. Mais l’avenir nous doit encore moins toucher, puisqu’il n’est point du tout à notre égard, et que nous n’y arriverons peut-être jamais. Le présent est le seul temps qui est véritablement à nous, et dont nous devons user selon Dieu. C’est là où nos pensées doivent être principalement rapportées. Cependant le monde est si inquiet qu’on ne pense presque ja-