Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

croyaient donc ni mortel ni éternel : ils ne cherchaient en lui qu’une grandeur charnelle.

[§] Ils ont tant aimé les choses figurantes, et les ont si uniquement attendues, qu’ils ont méconnu la réalité quand elle est venue dans le temps et en la manière prédite.

[§] Ceux qui ont peine à croire en cherchent un sujet en ce que les Juifs ne croient pas. Si cela était si clair, dit-on, pourquoi ne croyaient-ils pas ? Mais c’est leur refus même qui est le fondement de notre créance. Nous y serions bien moins disposés s’ils étaient des nôtres. Nous aurions alors un bien plus ample prétexte d’incrédulité, et de défiance. Cela est admirable de voir les Juifs grands amateurs des choses prédites, et grands ennemis de l’accomplissement, et que cette aversion même ait été prédite.

[§] Il fallait que pour donner foi au Messie, il y eût des prophéties précédentes, et qu’elles fussent portées par des gens non suspects, et