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AVIS DE MM. LES CURÉS DE PARIS.


peuples que Dieu a commis à notre garde, sous nosseigneurs les prélats, soient désormais préservés de ce venin mortel qui les porte au relâchement et au libertinage, et que nous puissions tous ensemble louer et bénir le Père des miséricordes, de ce qu’il nous aura donné la force de nous acquitter de notre devoir sans aucune crainte, ni considérations humaines, et de ce qu’il nous aura fait la grâce de contribuer, par ce moyen, au salut de tant d’âmes, qui ont été rachetées par le précieux sang de notre Seigneur Jésus-Christ.

A Paris, le 13 septembre 1656.
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PREMIER FACTUM


Pour les curés de Paris, contre un livre intitulé : « Apologie pour les casuistes, contre les calomnies des jansénistes, » à Paris, 1657 ; et contre ceux qui l’ont composé, imprimé et débité.

Notre cause est la cause de la morale chrétienne : nos parties sont les casuistes qui la corrompent. L'intérêt que nous y avons est celui des consciences dont nous sommes chargés ; et la raison qui nous porte à nous élever, avec plus de vigueur que jamais, contre ce nouveau libelle, est que la hardiesse des casuistes augmentant tous les jours, et étant ici arrivée à son dernier excès, nous sommes obligés d’avoir recours aux derniers remèdes et de porter nos plaintes à tous les tribunaux où nous croirons devoir le faire, pour y poursuivre sans relâche la condamnation et la censure de ces pernicieuses maximes.

Pour faire voir à tout le monde la justice de notre prétention, il n’y a qu’à représenter clairement l’état de l’affaire, et la manière dont les nouveaux casuistes se sont conduits depuis le commencement de leurs entreprises, jusqu’à ce dernier livre qui en est le couronnement : afin qu’en voyant combien la patience avec laquelle ils ont été jusqu’ici soufferts a été pernicieuse à l’Église, on connoisse la nécessité qu’il y a de n’en plus avoir aujourd’hui. Mais il importe auparavant de bien faire entendre en quoi consiste principalement le venin de leurs méchantes doctrines, à quoi on ne fait pas assez de réflexion.

Ce qu’il y a de plus pernicieux dans ces nouvelles morales, est qu’elles ne vont pas seulement à corrompre les mœurs, mais à corrompre la règle des mœurs ; ce qui est d’une importance tout autrement considérable. Car c’est un mal bien moins dangereux et bien moins général d’introduire des déréglemens, en laissant subsister les lois qui les défendent, que de pervertir les lois et de justifier les déreglemens ; parce que, comme la nature de l’homme tend toujours au mal dès sa naissance, et qu’elle n'est ordinairement retenue que par la crainte de la loi, aussitôt que cette barrière est ôtée, la concupiscence se répand sans obstacle ; de sorte qu’il n’y a point de différence entre rendre les vices permis, et rendre tous les hommes vicieux.

Et de là vient que l'Église a toujours eu un soin particulier de con-