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ACTE V.

Qui charmerent ſes ſens : & les grottes obſcures
Où le Dieu luy fit voir toutes ſes raretez,
Dont les yeux de Diane en furent enchantez.
Le Dieu luy demanda ce qui luy pourroit plaire,
Qu’elle prinſt en ce lieu dequoy ſe ſatisfaire :
Mais luy meſme voulut luy choiſir ce couſteau,
Qui parût à ſes yeux ſi leger, & ſi beau ;
Qu’elle accepta bien-toſt ce preſent aggreable,
Qui luy deuoit vn iour eſtre ſi fauorable :
Puis qu’elle connoiſſoit par ſa legereté,
Qu’il ouurirait vn cœur auec ſubtilité.
Qu’on luy deuoit un iour faire vn grand ſacrifice,
Dont le couſteau pourroit ſeruir à cet office.
Cette victime encor ſatisfait tant les Dieux,
Que bien toſt la Deeſſe en deſcendra des Cieux :
Vous la verrez venir toute reſplendiſſante,
D’une maniere enfin beaucoup reconnoiſſante,
Elle meſme l’a dit ; en m’ayant ordonné
D’apporter ce couſteau, que ie vous ay donné :
Obſeruez promptement ce qu’elle vous commande.

Elle diſparoiſt.
THYMŒTES s’addreſſant au peuple.

Voyez Albaniens, ce que Diane mande.

STHENOBE’E derriere Thymœtes en ſecret.

O Dieux !

THYMŒTES.

O Dieux ! Si maintenant on luy doit obeyr,
Et ſi l’on ne doit pas encor ſe réiouyr,
De connoiſtre les ſoins qu’elle prend de nous meſmes ?
Ne murmurez donc plus, arreſtez vos blaſphemes :
Car ſans doute les Dieux s’en vont eſtre rauis,
Alors qu’ils ſe verront ſi promptement ſeruis.
Enfin pour toy, mon fils, ie connois ton enuie,