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ACTE V.

Elle en ayme l’autheur, ſçachez le de ſa bouche,

ENDYMION.

Peuples Albaniens, pourquoy me pleurez vous
Pourquoy de la Deeſſe attirer le courroux ?
Pourquoy luy refuſer ce qu’elle vous demande ?
Croiriez vous de luy faire vne faueur trop grande ?
Non, non, aduancez vous, voicy mon ſein ouuert,
Portez y hardiment la pointe de ce fer :
Ouurez viſte ce cœur, la Deeſſe l’ordonne,
Ce n’eſt que ſoubs ſes loix que ce cœur s’abandonne.
Mais quoy ! de toutes parts ie n’entends que regret :
Malgré moy vous prenez encor mes intereſts.
Thymœtes approchez n’ayez point repugnance ;
Satisfaites les Dieux par cette obeyſſance.

Thymœtes monte ſur l’autel, auec Endymion & Sthenobée : & Endymion ſe met à genoux[illisible] en continuant de parler.

Parois viſte, Deeſſe, afin que ton aſpect
Imprime dans leurs cœurs la crainte, & le reſpect :
Et permet que leurs cris ſoient des cris d’allegreſſe ;
Fais qu’ils changent en ris la douleur qui les preſſe :
Qu’ils ne murmurent plus contre ta volonté,
Qu’ils ayent du reſpect pour ta diuinité,
Qu’ils prononcent touſiours des hymnes à ta gloire,
Que ſans fin ta grandeur regne dans leur memoire.

THYMŒTES.

Enfin Endymion, laiſſe les murmurer ;
Si ton cœur eſt content, ils ont beau te pleurer ;
Il faut ſeruir les Dieux :

ENDYMION.

Il faut ſeruir les Dieux : He pourſuiuons de grace ;
Sans eſcouter les pleurs de cette populace.