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ACTE III.


Scène QVATRIE’ME.

ALCIONNE’E, STHENOBE’E
ALCIONE’E ſurprenant Sthenobée.


SThenobée, il eſt vray, tu te fais violence,
Et tu ſouffres bien plus par ce profond ſilence :
Apprens moy donc ton mal, puis qu’il m’eſt important,
Il pourra s’addoucir en me le racontant :
Mais ſi ie te diſois quelle en eſt ma pensée,
Des maux qui maintenant te tiennent oppreſſée,
M’aduoüerois tu bien quel en eſt le ſubiet ?

STHENOBE’E.

Ouy ! ie t’aduoüeray quel eſt ce triſte obiet,
Digne de ma pitié, comme il eſt de ma flamme.

ALCIONE’E.

Cet eſclave eſtranger a captiué ton ame :

STHENOBE’E.

C’eſt luy,

ALCIONE’E.

C’eſt luy, Ie m’en doutois, & tu me l’as caché ?

STHENOBE’E.

Ne t’en eſtonnes plus ; c’eſt que i’auois taſché
De bannir de mon cœur la flamme criminelle ;
Et mon cruel deſtin la veut rendre eternelle :
Seuere & ſacré vœu qui cauſe mon tourmant,
Qui me fait deſirer & refuſer l’amant !
Inſupportable loy qui me tient engagée,
Où malgré mon amour ie me ſens obligée !
Mais c’eſt en vain, Diane, il faut que malgré moy,
Ie briſe le ſerment de viure ſous ta loy.