Campagnons eſcoutez la pitoyable voix,
Dont les triſtes accens font retentir ce bois
Dans le tronc de ce myrthe…
Quoy ne ſeroit ce point quelque nouuel oracle ?
Belle ame qui te plains dans ce myrthe nouueau,
Apprens nous quel deſtin t’a mis en ce tombeau,
Au nom de tous les Dieux :
Enfin me ſeras tu deſormais importune ?
Toy malheureux, qui viens pour troubler mon repos,
Qui t’auoit fait venir ainſi mal à propos,
Pour venir m’attaquer deſſous ce nouuel eſtre,
Où iamais les humains ne m’auroient peu conneſtre ?
Quels maux, & quels tourmens n’auois ie point ſouffers ?
Ceux que i’ay creu perdus, les ay ie recouuers ?
Grands Dieux, que vous a fait cette Diophanie,
Qui croyoit que ſa peine eſtoit enfin bannie ?
Helas ! cruels deſtins.
Voicy donc le treſor que mon cœur a perdu :
Ha ! ma Diophanie, helas ie t’ay perduë,
Puis que dans c’ét eſtat tu m’es enfin renduë :
Quoy le plus bel ouurage, & le mieux acheué
Que les Dieux euſſent fait, eſt ainſi retrouué ?
Adorable ſubjet reçois encor mon ame,
Soubs cette triſte eſcorce où ie t’offre ma flamme.
Incomparable obiet, eſt-ce dans ces eſtat