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ACTE II.
II. HOMME.

Campagnons eſcoutez la pitoyable voix,
Dont les triſtes accens font retentir ce bois
Dans le tronc de ce myrthe…

III. HOMME.

Dans le tronc de ce myrthe… O grands Dieux, quel miracle !
Quoy ne ſeroit ce point quelque nouuel oracle ?
Belle ame qui te plains dans ce myrthe nouueau,
Apprens nous quel deſtin t’a mis en ce tombeau,
Au nom de tous les Dieux :

DIOPHANIE metamorphosée en myrthe.

Au nom de tous les Dieux : Ha ! cruelle fortune,
Enfin me ſeras tu deſormais importune ?
Toy malheureux, qui viens pour troubler mon repos,
Qui t’auoit fait venir ainſi mal à propos,
Pour venir m’attaquer deſſous ce nouuel eſtre,
Où iamais les humains ne m’auroient peu conneſtre ?
Quels maux, & quels tourmens n’auois ie point ſouffers ?
Ceux que i’ay creu perdus, les ay ie recouuers ?
Grands Dieux, que vous a fait cette Diophanie,
Qui croyoit que ſa peine eſtoit enfin bannie ?
Helas ! cruels deſtins.

HERMODAN, ſe iettant au pied du myrthe.

Helas ! cruels deſtins. O Dieux, qu’ay ie entendu ?
Voicy donc le treſor que mon cœur a perdu :
Ha ! ma Diophanie, helas ie t’ay perduë,
Puis que dans c’ét eſtat tu m’es enfin renduë :
Quoy le plus bel ouurage, & le mieux acheué
Que les Dieux euſſent fait, eſt ainſi retrouué ?
Adorable ſubjet reçois encor mon ame,
Soubs cette triſte eſcorce où ie t’offre ma flamme.
Incomparable obiet, eſt-ce dans ces eſtat