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ACTE II.


Scène QVATRIESME.

ENDYMION ſeul.
STANCES.


VAriables deſtins, trompeuſes viſions,
Obſcure ſombre nuit, adorables rayons
D’une diuinité tantoſt inexorable,
Par des coups immortels plus cruels que la mort :
Et celle cy m’a dit pour tout mon reconfort
Que Diane m’eſtoit trop douce & fauorable.

Diane ton pouuoir ne peut il ſurmonter
Ces monſtres de rigeur que tu veux contenter
Par des traits inhumains done i’ay ſenty les pointes ?
Deeſſe tu pouuois m’exempter de ces coups,
Sans aueugler mes yeux en vn moment ſi doux,
Et de forcer ma bouche à te faire des plaintes.

Auray-ie trauerſé les lieux les plus affreux ;
Auray ie ſurmonté des monſtres odieux ;
Pour iouyr vn moment de tes graces diuines ?
Pour contempler encor tes celeſtes beautez,
Mes yeux out veu les fleurs au milieu des clartez,
Mais mon cœur auſſi toſt a ſenty des eſpines.

Diane mes deſirs eſtoient ils indifcrets ?
Venois ie dans ces lieux eſcouter vos ſecrets ?
Pour trauerſer mon cœur de fleches ſi cuiſantes
Ouy Deeſſe, il eſt vray que i’eſtois criminels,
Et que ie meritois vn ſupplice eternels,