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ACTE II.

Que les Dieux s’eſtonnant de te voir eſtimer
De celle que l’amour n’a iamais peu charmer,
En murmurent entr’eux de connoiſtre qu’elle ayme
Et meſpriſe les Cieux, & la dignité meſme,
Pour te gratifier auec tant de bonté ;
Et tu vas l’accuſant de trop de cruauté ?
Que ne dit elle point vn iour pres du Meandre,
Vers Milet, & Priene, elle nous fit entendre
Le deſſein qu’elle auoit de te fauoriſer,
Et tout ſon entretien ne fuſt qu’à te priſer :
Lors qu’en ſe promenant, voicy, nous diſoit elle,
Le lien d’Endymion de cét amant fidelle :
Mais ie ne le vois plus, où s’eſt il retiré ;
Ce lieu qui autrefois l’auoit tant attiré,
N’a t’il plus ce pouvoir, a t’il quitté la chaſſe ?
Ou bien s’il a receu icy quelque diſgrace ?
Mais, nous dit elle alors ; ie veux vous auertir,
(Ou ie vous le ferois auſſi-toſt reſſentir)
Que lors qu’Endymion d’vne ardeur retenuë
Cherche l’occaſion de ioüir de ma veuë…
Qu’à moins que d’eſprouver le feu de mon courroux,
Il ne reſſente point la rigueur de vos coups.
Elle parle aux Syluains, aux Faunes, aux Nayades,
De tes rares vertus meſmement aux Dryades.
Penſe tu qu’elle meſme ait bien tout le repos
Qu’elle peut ſouhaitter ? voyant qu’à tous propos
La Grece la demande, & tantoſt la Scytie,
L’Armenie, la Crete, & dans l’Æthiopie :
Voit en quelque pays par où ce grand œil luit,
Que Diane ne faſſe vn meſme cours la nuit ?
Mais ie retarde trop, & ie ſuis attenduë ;
Enfin n’eſtant icy long-temps entretenuë,
Ie te veux aduertir que Diane m’a dit

ENDYMION.