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ACTE II.

Les effets de mon art, fais agir ton courage,
Qu’il paroiſſe en tes yeux comme ſur ton viſage.
Quand tu commenceras d’entrer dedans le bois,
Garde bien d’eſleuer trop clairement ta voix ;
Paſſe tout doucement, & tire ton eſpée,
Fais que ta main en ſoit touſiours bien occupée :
Afin que ſa lueur puiſſe faire fuyr
Des monſtres qu’à l’abord s’en vont éuanoüir :
Tu verras des Dragons, des Hydres, des Viperes,
Des Centaures, des Ours, des Tygres, des chimeres,
Qui te feront fremir d’espouuante & d’horreur,
Mais ne te laiſſe point porter dans la terreur.
Ces fantoſmes ſont vains, vne lame brillante,
Vne moindre clarté leur donne l’épouutante
Et s’eſtant diſparus, tu verras à l’inſtant
Les effets de ce charme.

elle le fait ſortir du char & le meine à l’entrée du bois.
ENDYMION.

Les effets de ce charme. Enfin ie ſuis contant :
Iſmene ſi le Ciel veut m’eſtre fauorable,
Ie diray que ton art n’a rien de comparable.

ISMENE.

Mais ſi quelque malheur t’arriuoit dans ce bois,
Tu n’as qu’à prononcer mon nom deux ou trois fois :
Et ie viendray d’abord dans ce ſeul mot d’Iſmene

Te donner du ſecours,
Elle diſparoit.
ENDYMION

Te donner du ſecours, O ! femme plus qu’humaine ;
Mais ie ne la vois plus, c’eſt maintenant à moy
De preparer mon cœur au plus cruel effroy.

Il voit icy tous les monſtres qu’Iſmene luy a dit.

Dieux ! que vois ie desja, ce peut il que la terre
Souffre de ces Dragons vne ſemblable guerre :
Mais n’apprehendons rien, faiſons luire ce fer,