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Tu plonges tes deux bras polis, avidement,
Tandis qu’erre un divin sourire sur tes lèvres,
Et que sur son chevet où bondissent les fièvres,
Le moribond t’appelle et parle doucement ;

Car ton visage, pur comme un marbre, te donne,
Sous ta coiffe de toile et ton noir chaperon,
Ô vierge au bistouri, vierge au cœur de Huron,
Le resplendissement serein d’une Madone.

Sur ton sein les stylets, les pinces, les ciseaux,
La spatule, la scie équivoque et les sondes,
Bijoux terrifiants et breloques immondes,
Comme un bouquet d’acier étoilent leurs faisceaux.

Tes doigts fins, à tremper dans les pus et les plaies,
En ont pris le tranchant affilé des scalpels ;
Et l’odeur de ton corps suave a des rappels
De putréfactions rances dont tu t’égaies.

Car ton âme de monstre est folle des gaîtés
Cocasses de la couche où le mourant se cabre
Dans les convulsions de la danse macabre,
Et la Mort a pour toi d’hilarantes beautés.