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Noëls éteints


C’est l’heure de mon cœur, et le soir sur le monde
Joint ses mains de sommeil, ses ténébreuses mains ;
C’est l’heure doucement où se rêve la ronde
Des vieilles de légende et des mystiques nains.

Entendez-vous, là-bas, là-bas, dans ma pensée,
Les aïeules conter de fabuleux récits,
Comme un silence d’aile et de branche froissée,
Le passage muet sur l’ombre des esprits ?

Je vois dans les maisons anciennes de mon âme,
La veille des petits devant le feu ronflant :
Ils entendent de rêve une très vieille femme
Et le vent qui dans l’ombre erre rhythmique et lent.

Ce sont de très vieux soirs dans de vieilles chaumières ;
Ce sont de vieux hivers qui neigent au dehors…
Alors, dans la douceur tremblante des lumières,
Doucement, doucement, ô mon cœur, tu t’endors…