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Les lys qui filent


À quoi, dans ce matin d’avril,
Si douce et d’ombre enveloppée,
La chère enfant au cœur subtil
Est-elle ainsi tout occupée ?

La trace blonde de ses pas
Se perd parmi les grilles closes ;
Je ne sais pas, je ne sais pas,
Ce sont d’impénétrables choses.

Pensivement, d’un geste lent,
En longue robe, en robe à queue,
Sur le soleil au rouet blanc
À filer de la laine bleue,

À sourire à son rêve encor,
Avec ses yeux de fiancée ;
À tresser des feuillages d’or,
Parmi les lys de sa pensée.