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La Dérive


Celle qui s’est trop bien cachée,
Et que je ne retrouve pas,
Sans doute au fond des eaux couchée,
S’est endormie en ses yeux las.

Vais-je la retrouver ? Je pleure.
J’erre en ce bleu calme moqueur
Et tant hélas ! qu’en tombe l’heure
Du soir précoce sur mon cœur.

Hélas ! je vogue à l’aventure,
De blanches perles en mes mains,
Barque sans port, nef sans mâture,
Qui n’a boussoles ni chemins.

Et je porte, des chères grèves
De mon irréparable sort,
Mes fleurs, mes ombres et mes rêves
Et mes richesses, à la mort.