Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxIV

Garde, garde à jamais, ô rêve !
Ta troublante plasticité,
Ta sveltesse, ta forme brève,
Tes nerfs, ta masculinité.

Tes chevilles imperceptibles
Et tes minuscules poignets,
Tes épaules irrésistibles
Où mes dents laissent des signets,

Tes doigts habiles, armés d’ongles
Qui déchirent, très acérés,
Mon cœur avec lequel tu jongles,
Tes genoux rondis et serrés,
 
Ta joue hâve que tu pointilles
D’alertes mouches de satin,
Tes seins aigus où deux pastilles
Posent des lueurs de matin.

— Reste maigre, ô ma maigrelette !
Conserve à mon culte d’ancien
Cette élégance de squelette
Où chaque sexe a mis du sien.