Page:Parnasse de la Jeune Belgique, 1887.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Comme un rouge brasier qu’attriste la chimère
De voir jaillir un lys de ses tisons flambants,
Je t’appelle du fond de ma joie éphémère,
Tête royale et pâle aux longs cheveux tombants,
Comme un rouge brasier qu’attriste la chimère
De voir jaillir un lys de ses tisons flambants !

C’est Lohengrin enfant qui, traîné par des cygnes,
Vogue vers ma douleur comme vers son Elsa.
Bannissant à jamais les souvenirs indignes
Des cœurs tumultueux que la vie épuisa,
C’est Lohengrin enfant qui, traîné par des cygnes,
Vogue vers ma douleur comme vers son Elsa.

Toi qui ne connais pas, mais dont l’âme devine
Le vague et pur amour de Caïn pour Abel,
Ouvre-moi le berceau de ta blancheur divine,
Enfant miraculeux, cher enfant maternel,
Toi qui ne connais pas, mais dont l’âme devine
Le vague et pur amour de Caïn pour Abel,

Répands sur l’incrédule et sur le misérable
Les pardons ignorants qui pleuvent de tes mains !
J’écoute la chanson de ta bouche adorable
Comme un murmure en fleur d’invisibles jasmins.
Répands sur l’incrédule et sur le misérable
Les pardons ignorants qui pleuvent de tes mains !