Page:Parmentier - Recherches sur les végétaux nourrissans, 1781.djvu/560

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
542
Recherches

denrée n’est jamais à bon compte dans un pays qu’autant que l’usage en a fait un besoin journalier. C’est donc une folie de calculer à quoi reviendroit le pain de pommes de terre par le prix dont est l’amidon dans certains endroits où il n’existe encore ni machine ni fabrique ; cet amidon qu’on vendait à Paris six francs la livre lorsque j’annonçai qu’on pouvoit l’administrer aux malades & aux convalescens à la place du sagon & du salep, est aujourd’hui diminué de plus des deux tiers ; le moulin que nous décrirons va encore en diminuer le prix ; la matière elle-même, d’où on tire l’amidon, deviendra plus commune.

On me permettra cette comparaison : si on commandoit au meilleur Ouvrier une aiguille, il emploîroit une demi-journée à la faire ; il faudroit alors la lui payer un écu ; elles valent dix sous le cent à la Manufacture : s’il s’agissoit d’écraser le blé à l’aide de pilon & de mortier, de bluter avec des tamis à la main, on auroit en un jour vingt livres au plus de farine défectueuse, avec laquelle on n’obtiendroit qu’un pain de médiocre qualité, cher & suffisant à peine à la nourriture de quelques