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Recherches

attention qu’en ſuppoſant qu’il y ait des Sauvages qui par goût ſe nourriſſent de chair humaine, elle ne leur eſt pas plus analogue que celle qu’ils mangent dans les bois, parce qu’avant que les alimens arrivent à l’eſtomac, & qu’ils acquièrent cette analogie prétendue avec les humeurs animales, il faut qu’ils ſoient en état de ſubir quelque préparation, d’abord un premier broiement dans la bouche, & qu’enſuite pendant la maſtication ils ſe pénètrent des ſucs ſalivaires qui les ramolliſſent, les atténuent & les diſſolvent au point d’en former un mélange capable de nous nourrir.

M. Bonnet, dans ſes Conſidérations ſur les Corps organiſés, prétend que la nutrition eſt cette opération par laquelle le corps organiſé change en ſa propre ſubſtance les matières alimentaires ; ſi ces matières alimentaires ont déjà le caractère de l’animal qu’elles vont nourrir, comment s’opéreront les changemens ſucceſſifs & gradués qu’elles doivent éprouver pour être converties en ſuc nourricier ! l’addition de ces ſucs ſalivaires n’altérera-t-elle point au contraire la nourriture, plutôt que de l’aſſimiler à la nature animale ?