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j’ai constitué le texte. Je dirai brièvement que les cinq manuscrits remontent à deux copies différentes du manuscrit original perdu : ABD descendent de l’un, C représente l’autre, E parait être le produit d’une fusion des deux. Ce qui distingue CE de ABD, c’est que l’ordre des sens de l’oiseau n’y est pas le même : le sens qui est le premier dans CE est le second dans ABD, ce qui amène naturellement à cet endroit d’assez fortes divergences. J’ai considéré l’ordre de CE comme l’original, parce qu’il concorde avec celui de Pierre Alphonse : dès lors l’établissement du texte était tout indiqué. La bonne leçon devait résulter de la comparaison des deux familles entre elles : je n’entre pas dans le détail de cette comparaison ; je dirai seulement qu’elle donne comme résultat un texte qu’on peut regarder comme partout satisfaisant. En ce qui concerne les formes, qui varient dans les manuscrits divers et souvent dans un seul et même manuscrit, j’ai adopté celles qui se rapprochent le plus du français normal. Une rime (largece et tece pour le français teche au v. 164) fait seule difficulté : elle semble appartenir à un dialecte qui traitait le c autrement que le picard et que le français, dialecte dont plusieurs poèmes du moyen âge paraissent offrir des traces, mais qu’on n’a retrouvé jusqu’ici représenté par aucun patois subsistant [1]. La forme pint pour pin est attestée par

  1. Voyez Romania, t. VII, p. 435 : Zeitschrift fUr romanische Philologie, t. II, p. 27G ; Tobler, Dit dou vrai aniel, 2e éd., p. 22. On peut supposer qu’en dehors des deux dialectes où Francia et franco, donnaient respectivement France, franche et Franche, franke, il en avait trois autres : l’un qui disait France, franke, l’autre qui disait Franche, franke, et le troisième qui disait France, france. C’est à ce troisième (oublié dans le passage cité de la Romania) qu’appartiendrait notre rime, si on écrivait, comme je l’ai fait, largece et tece et non pas largueche et teche. On aurait dans ce cas affaire à une simple modification, relativement récente, du français normal ; le tch originaire répondant à c latin devant a y serait devenu  ; c’est ce qui s’est produit en provençal, ou le ch de l’ancienne langue se prononce aujourd’hui, au moins dans le dialecte d’Avignon, .