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’il le prend, c’est pour le mettre en cage et l’entendre toujours. Quand l’oiseau est pris, il s’engage entre lui et l’homme un dialogue beaucoup plus long, avec des détails de cuisine fort inutiles. L’homme lâche son captif avant d’avoir entendu ses préceptes, et non après. Au lieu d’une perle grosse comme un œuf d’autruche, il s’agit d’une pierre précieuse pesant une once. Enfin, et c’est le plus notable, les préceptes sont fort altérés. Le troisième, devenu le premier, recommande de ne pas croire à toute promesse ou parole, sans ajouter « incroyable » ; le second, devenu le troisième, défend de se chagriner de ce qu’on a perdu, sans ajouter « et qu’on ne peut recouvrer » ; enfin le premier, devenu le second, est tout à fait changé : au lieu de dire : « N’essaye jamais d’atteindre une chose qui ne peut être atteinte, » l’oiseau dit : « Garde toujours ce qui est à toi. » La tentative que fait l’homme pour reprendre l’oiseau, et qui est liée au troisième précepte, a disparu avec lui. On voit qu’en passant de bouche en bouche, ou de livre en livre, dans le monde arabe, le conte indien s’était sensiblement altéré.

Une autre dérivation de l’ancienne parabole se présente à nous sur le sol même de l’Inde, mais sans que nous puissions affirmer qu’elle n’y a pas été réintroduite après des périgrinations exotiques.