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se bornaient à reproduire tel quel le conte de l’oiseau ; mais il n’en est pas tout à fait ainsi, et c’est pourquoi je dois parler de celles des versions de ce conte, insérées dans le roman, qui ont pu venir à ma connaissance.

Le Barlaam juif appelé Ben Hammelek va-Hannazir (le Prince et le Derviche) qui a été traduit en allemand [1], raconte ainsi l’histoire qui nous intéresse [2]. Je ne donne ce texte fort prolixe que dans un résumé.

Un homme avait un beau jardin et s’apercevait qu’un oiseau y venait chaque jour et en mangeait les plus beaux fruits. Il lui tendit un piège et le prit. L’oiseau lui dit : « Rends-moi la liberté et jeté donnerai trois avis que je tiens de mes ancêtres [3]. — Donne-les moi, » lui dit l’homme, « et je te relâcherai. » L’oiseau lui dit : « Ne t’afflige pas de ce que tu auras perdu ; n’essaie pas d’avoir ce que tu ne peux atteindre ; ne crois pas des choses impossibles. » L’homme

  1. Ibn Chisdai, Prinz und Derwisch, ubersetzt von W.-A. Meisel (2e éd., Pest, 1860), 21e porte. Je n’ai pas eu le livre sous les yeux ; je dois à M. Israël Lévi l’abrégé que je donne.
  2. Le livre juif intercale ici un passage dont je parle plus loin, p. 244, n. 3.
  3. Dans un livre juif imprimé pour la première fois en 1554 à Ferrare « d’après un ancien manuscrit », le Hibbour Maasiot {Recueil d’histoires), notre conte est au contraire tout semblable à celui du Barlaam grec ; j’en dois la traduction à l’obligeance de M. Israël Lévi : le livre est indiqué par M. Grûnbaum, Judisch-deutsche Chrestomathie, p. 587.