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Est-ce aussi en Allemagne que fut ajouté à la légende le trait du bâton sec qui se couvre de verdure ou de fleurs[1], ce beau symbole qui donne tant de poésie au récit et lui a sûrement valu la plus grande part de son succès ? On peut le croire, car il manque dans tous les récits italiens et aussi dans les plus anciens textes allemands. Je ne le crois pas cependant. Si nous admettons que la façon dont La Sale présente le rôle du pape est une atténuation voulue, il s’en suit que dans la forme primitive le pape refusait pour de bon l’absolution et était averti ensuite par un miracle qu’il avait eu tort de la refuser. Ce miracle devait être celui que nous trouvons dans les chansons allemandes, le bâton sec qui reverdit ou fleurit, emblème du repentir qui transforme l’âme du pécheur. Comme le dit Dante en son admirable style, les prêtres ont beau maudire le pécheur,

Per lor maladizion si non si perde, Che non possa tornar l’eterno amore, Mentre che la speranza ha fior del verde[2].

Ce qui paraît impossible aux hommes, Dieu

  1. Il verdoie simplement dans la version la plus répandue, mais dans plusieurs chansons suisses et dans la chanson néerlandaise il porte des fleurs.
  2. Purg., c. III, t. 45.