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pour toujours dans le royaume de perdition. Seulement la dureté du pape a été atténuée dans ce récit, – soit par Antoine, soit par ceux de qui il la tenait, – avec une visible gaucherie. Elle n’aurait été qu’apparente : le pape aurait eu dès le premier moment l’intention de pardonner, et c’est grâce aux machinations de son écuyer[1] que le chevalier, se croyant à tort condamné, serait retourné auprès de la Sibylle[2]. C’est avec cette atténuation maladroite que la légende italienne passa en Allemagne, sans doute par l’intermédiaire de la Suisse. Le nom de la Sibylle y fut remplacé par celui de Vénus, et le Venusberg devint longtemps pour les Allemands un objet de terreur et de désir ; seulement, comme je l’ai dit, on ne savait où le placer : on le cherchait non en Allemagne, mais en Italie, peut-être par une vague réminiscence de l’origine de la légende. Quant au héros, sans doute anonyme dans les récits italiens, il reçut le nom de Tannhäuser, pour les raisons que j’ai essayé d’indiquer plus haut.

  1. Tout le rôle inutile de l’écuyer a été ajouté pour amener cet incident.
  2. On pourrait voir un indice de l’origine allemande du récit de La Sale dans le fait que le héros en est un chevalier allemand ; mais cela peut très bien avoir été ajouté par La Sale, qui voulait le reconnaître dans ce Hans van Bramburg qui avait si hardiment gravé sur le mur du vestibule : intravit. D’ailleurs il parle de personnages d’autres nations qui avaient aussi pénétré dans le paradis.