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d’anciennes divinités germaniques, que leurs noms n’apparaissent pas avant le XIVe siècle, et qu’elles n’ont rien de commun avec Vénus. On a voulu aussi reconnaître dans la Vénus de notre légende la déesse germanique de l’amour, Freia ; mais rien, dans ce que nous savons sur cette épouse de Wotan, ne nous la montre en possession d’un royaume souterrain où elle attire les mortels. La « basse mythologie » allemande connaît des montagnes où habitent des êtres surnaturels, et où l’on voyait des entrées de l’enfer ; mais ce sont des séjours d’effroi et non de volupté. Le Venusberg souvent mentionné dans la littérature allemande des XVe et XVIe siècles provient sans doute de notre légende et n’est nulle part bien défini : il n’a pas de localisation propre ; c’est seulement dans notre siècle qu’on s’est plu à l’identifier avec une montagne de Thüringe, le Horselberg. Vénus a d’ailleurs si bien remplacé la Sibylle, en Allemagne, dans notre légende que les Allemands, au XVe siècle, s’enquéraient en Italie de la « montagne de Vénus », que personne n’y connaissait, et arrivaient à la retrouver, par une sorte de divination, dans la « montagne de la Sibylle », dont les Italiens racontaient des choses toutes pareilles[1].

Le Venusberg et le Tannhäuser

  1. Ils voulaient la retrouver partout. Le franciscain Jean Faber, qui fit, en 1485, un voyage en Terre Sainte qu’il a raconté dans son Evagatorium, la reconnaissait dans le mont Sainte-Croix, de Chypre, l’ancien promontoire d’Aphrodite : « Le bruit court parmi le peuple en Allemagne qu’un noble de Souabe, appelé le Danhuser, vécut quelque temps dans cette montagne avec Vénus. Pressé par le remords, il vint se confesser au pape, mais l’absolution lui étant refusée, il retourna dans la montagne et ne reparut plus. Il y vit, dit-on, dans les délices, jusqu’au jour du jugement... Pourtant Vénus est morte et damnée, sans aucun doute. » J’emprunte cette citation curieuse à Émile-Melchior de Vogüé, Syrie, Palestine, Mont Athos, p. 25.