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en fait de mont dédié à Vénus, que le mont Éryx en Sicile ; quant à l’enseignement de la magie, il se rappelait qu’il y avait près de Norcia une caverne, où, disait-on, on pouvait converser avec les démons et se faire instruire dans la nécromancie. Enea ne dit pas que cet endroit s’appelât le mont de Vénus et ne paraît même pas connaître la légende de la Sibylle. Ce nom de « mont de Vénus » est, en effet, propre aux Allemands, qui le transportaient au mont de la Sibylle d’après une forme de la tradition que l’Italie n’a pas connue. En 1497, Arnold de Harff, patricien de Cologne, allant de Rome à Venise, se détournait de son chemin et entraînait ses compagnons de route à le suivre « parce que, dit-il, j’avais entendu parler d’un de ces monts de Vénus dont, dans notre pays, on raconte tant de merveilles ». Quand il exposa au châtelain de Castelluccio son désir de visiter « le mont de Vénus, dont en Allemagne on dit tant de choses étranges », le châtelain se mit à rire, mais voulut bien le lendemain conduire les Allemands dans la montagne, où ils explorèrent plusieurs grottes, sans rien y voir de merveilleux. Après quoi ils visitèrent le lac voisin et recueillirent quelques souvenirs des anciennes pratiques de magie dont il avait été le théâtre. C’étaient eux, on le voit, qui avaient introduit le nom de « mont de Vénus » dans le récit qu’on