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lancelot du lac.

ami ? — Non ; j’entends que vous me fassiez ouvrir la grande tour. — J’aime mieux mourir et souffrir de vous ce que jamais loyal chevalier n’aurait la cruauté de faire. » Lancelot hausse encore l’épée ; elle crie merci, promet de le satisfaire et le conduit à la porte de la tour ; « Ouvrez, » dit-elle aux chevaliers qui la gardaient. « Nous n’en ferons rien, » répondent-ils. Mais Lancelot tenant de nouveau son épée suspendue sur la tête de Camille, les chevaliers promettent d’ouvrir si on les laisse sortir sains et saufs ; ce qui leur est accordé. Les portes cèdent ; le roi Artus avertit mess. Gauvain d’entrer le premier, pour indiquer qu’il en est mis en possession. Les chevaliers bretons pénètrent dans le château ; la bannière du roi remplace sur les créneaux de la tour celle d’Hargodabran. On visite toutes les salles, tous les souterrains. Dans un réduit secret, Keu le sénéchal trouve une demoiselle enchaînée contre un pilier. Elle avait été longtemps l’amie du chevalier que Lancelot venait d’immoler aux pieds de Camille. Camille la retenait captive et loin de tous les yeux, par l’effet d’une jalousie furieuse. Quand elle fut déliée Keu demanda où se trouvaient les derniers prisonniers. « Qui vient me délivrer ? dit-elle. — C’est le roi Artus, le vrai seigneur de la Roche aux Saisnes. — Dieu soit loué !