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frénésie de lancelot.

LVI.



Plusieurs semaines passèrent mais pour le grand cœur de Lancelot, l’épreuve était trop rude. Il se voyait pour la première fois victime d’une odieuse trahison ; désarmé, enfermé : il pensait au message de Lionel, aux souffrances de la reine en ne le voyant pas arriver. Avait-elle pu savoir qu’il eût suivi une demoiselle inconnue, pour partager avec mess. Gauvain, Hector et Galehaut, la prison de l’artificieuse Camille.

Ces tristes pensées ne tardèrent pas à ébranler sa santé. Il cessa de manger, il devint sourd à la voix de mess. Gauvain et de Galehaut lui-même. Peu à peu le vide se fit dans sa tête ; il sentit un trouble étrange ; ses yeux grandirent et s’allumèrent. Il devint un objet d’épouvante pour ses compagnons de captivité. Le geôlier le voyant hors de sens ouvrit une autre chambre et l’y enferma. Galehaut eût bien voulu ne le pas quitter, au risque d’avoir à se défendre de sa fureur insensée. « Ne vaudrait-il pas mieux, disait-il, mourir de ses mains que vivre sans lui ? » Mais il eut beau réclamer, il ne fléchit pas le geôlier.

La nouvelle de la frénésie de Lancelot arriva