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lancelot du lac.

il est au roi Tradelinan de Norgalles. — Il suffit : je consens à vous appartenir. »

Il prit congé du seigneur des Mares et de Lidonas pour suivre la demoiselle qui, chemin faisant, lui apprit ce qu’elle attendait de lui. « Ma sœur passe à bon droit pour la plus belle femme de ce monde. Elle est connue sous le nom d’Hélène sans pair. Perside, un preux chevalier de naissance plus haute, l’a épousée au grand regret de ses parents et amis ; il l’a tant aimée, que pour ne pas la quitter, il avait renoncé à l’exercice des armes. Un jour, il était assis sur l’herbe près d’une fontaine, la tête appuyée sur les genoux de ma sœur, quand son oncle, homme d’âge, vint à passer, et les trouvant dans cette position, il ne put se défendre de les railler. — « Quelle honte, leur dit-il, de se rendre esclave d’une femme, au point d’en oublier toute chevalerie ! » Hélène entendit ces paroles et répondit, plus fièrement peut-être qu’elle n’eût dû : « — Si celui qui m’a prise à femme en est moins prisé, il n’a pas donné plus qu’il n’a reçu. Je suis plus belle qu’il n’est preux, et j’ai reçu de ma beauté plus d’éloges qu’il n’en a reçus de sa prouesse. — Hélène, reprit froidement Perside, dites-vous cela de cœur vrai ? — Oui, tel est le fond de ma pensée. — J’en ai regret. Moi, je fais serment sur