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lancelot du lac.

femme. Il en a grand regret, car jamais homme n’évita plus que lui de causer le moindre ennui aux femmes, dames ou non dames. Mais d’abord il se remet à la poursuite du chevalier, le joint quelques salles plus loin, le saisit d’une main et du tranchant de son épée lui sépare la tête des épaules. Cela fait, il retourne au pavillon et va s’agenouiller devant Morgain encore tout éplorée : « Dame, dit-il, je vous offre la tête de ce félon chevalier, pour l’amende de l’outrage que je vous ai fait sans le savoir. — Ah ! s’écrie Morgain, jamais amende pourra-t-elle effacer une pareille injure ! » Au même instant arrive une demoiselle, les yeux rouges de colère et de désespoir, la main armée d’un glaive dont elle va frapper Lancelot par derrière. Lancelot se retourne : « Par mon Dieu, dit-il, si vous n’étiez une femme, je ferais de votre corps deux tronçons.

« — Eh bien ! répond-elle, je vous tuerai ou vous me tuerez. Je ne puis vivre si je n’ai vengé le tendre ami que vous venez de me ravir. — Mais, en vérité, le glouton ne méritait pas d’avoir pour amie dame ou demoiselle ; car de ma vie je n’ai vu chevalier aussi fort, aussi haut de taille et aussi mauvais champion. » Furieuse, elle se jette sur Lancelot qui l’arrête et lui arrache l’épée des