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gauvain dans la tour douloureuse.

souvient d’une recette qu’elle avait surprise à la mère de Karadoc. Elle se fait apporter par la fillette chargée de la servir une mesure de farine de seigle ; elle y mêle du jus de rue, de serpentine et de cinq autres racines de grande vertu ; elle pétrit cette farine, en fait un pain qu’elle cuit et coupe en petits morceaux, et va jeter le tout par la fenêtre de la prison. Les serpents alléchés par l’odeur du pain quittent le fond du souterrain où ils venaient de se réfugier ; ils se gorgent du gâteau à qui mieux mieux en poussant des sifflements qu’on eût entendus du fond du jardin. Quand ils en furent bien soûlés, ils s’étendent, et la chaleur du pain luttant contre la glace de leur sang, ils meurent entassés les uns sur les autres.

Mais alors l’infection devient insupportable. Gauvain n’en devinait point la cause, étonné d’ailleurs de n’avoir plus de reptiles à frapper. Quand arrive la nuit, la demoiselle lie à l’extrémité d’une autre perche une provision de viandes qu’elle fait encore descendre dans la prison, en y joignant une lanterne de cristal garnie d’un petit cierge ardent. Mess. Gauvain regarde autour de lui, dans un coin était un monceau formé de tous les reptiles entassés sans vie. La demoiselle trouva moyen de faire plus encore : la nuit suivante, elle enveloppa de ses robes le manger de mess. Gauvain ; les robes