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gauvain et lionel.

vous tardiez à outrer le sénéchal du duc Escaus. Sachez qu’à l’entrée de cette forêt, je fis rencontre d’un chevalier inconnu qui me prit de force mon cheval. Je ne me défendis pas, n’étant qu’un simple valet ; mais combien j’eus regret de n’être pas chevalier ! — Et ce chevalier félon, quel chemin a-t-il pris ? — Celui-ci ; la terre est humide, on suivrait aisément les traces de mon cheval. — Je cours à lui, et, s’il ne te rend ta monture, je te promets la mienne. »

Cela dit, il presse les flancs de son cheval. À l’entrée d’une lande, il voit deux chevaliers qui s’escrimaient à qui mieux mieux, et près d’eux les coursiers attachés au même arbre. « Lequel de vous, dit mess. Gauvain en approchant, s’est emparé d’un cheval ? » Les combattants s’arrêtent : « C’est moi, dit l’un ; que vous importe ? — Vous avez fait que vilain à l’égard d’un écuyer que vous saviez contre vous sans défense ; vous amenderez le méfait. — Oh ! j’ai bien à faire autre chose ! — Non, vous l’amenderez, et sur-le-champ ; tournez et défendez-vous. » Mess. Gauvain était descendu, il avait déjà l’épée levée. L’autre chevalier intervint : « Sire, ne m’enlevez pas ma bataille ; si vous avez l’avantage, le vaincu sera votre prisonnier, il ne pourra plus me rendre raison. Laissez--