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retour de la reine.

demander congé ? Pourtant, j’aime mieux qu’il s’en soit allé ainsi que si je l’avais vu refuser ma requête. — Madame, dit Galehaut, il faut beaucoup supporter d’un prud’homme tel que Lancelot : Dieu lui a donné un cœur qui ne peut oublier les services rendus ni les injures reçues. Je l’en ai bien souvent repris, et je n’ai pu jamais rien gagner sur lui. Il tient à grand dépit la conduite du roi qui n’aurait pas dû soutenir l’accusation et le contraindre à fausser le jugement des barons de Carmelide. »

Le roi écoutait et reconnaissait volontiers ses torts ; car il se sentait un penchant très-vif pour Lancelot, comme on put le voir en maintes occasions. Longtemps même, on tenta vainement de lui donner des soupçons sur la nature des sentiments de la reine.

« Quoique Lancelot puisse faire, disait-il, jamais il ne dépendra de moi de le haïr. Il faut donc que vous l’apaisiez, compain Galehaut, si vous désirez que mon cœur soit à l’aise. Tout ce qu’il voudra demander, je jure sur les Saints et devant vous de l’accorder. » Galehaut promit de revenir avec Lancelot pour les fêtes de Pâques ; la reine à son tour, dès que le roi fut éloigné, le conjura de ramener l’ami dont elle attendait toutes ses joies. « Et ne craignez pas de perdre sa compagnie ; je