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lancelot du lac.

furent rappelés, et le religieux en élevant la voix dit : « Artus, je te connais mieux que tu ne penses. J’ai nom Amustant, autrefois ton chapelain. Je vins du royaume de Carmelide avec Genièvre, la fille du roi Leodagan, et jusque-là je ne l’avais jamais quittée[1]. Personne ne sait mieux que moi quelle est des deux la véritable héritière. » Artus, après avoir écouté l’ermite, demanda qu’on le laissât reposer ; il s’endormit et se trouva au réveil aussi sain de corps qu’il eût jamais été.

Il retourna à Kamalot dans la compagnie du bon religieux ; et, le jour suivant, un messager arriva de Bredigan pour lui annoncer que la reine désirait le voir, parce qu’elle se croyait bien près de mourir. Le sage Amustant lui conseilla d’y aller et insista pour le suivre. « Vous ferez, lui dit-il, semondre tous vos hommes, ils ne seront pas de trop. » Tous arrivèrent le matin à Bredigan ; le roi ne descendit pas dans la maison de la fausse reine, il évita même de lui parler la nuit ni le lendemain. Au point du jour, l’ermite lui chanta la messe, il entendit encore celle du Saint-Esprit et, au sortir du moutier, il alla voir la reine, qui exhalait une puanteur si horrible que sans le secours des aromates nul n’aurait pu l’approcher.

  1. Voy. t. II, le Roi Artus, p. 234.