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lancelot du lac.

déposèrent les gages. Le roi cependant résistait encore : « Vous ignorez, leur disait-il, que Lancelot est un des meilleurs chevaliers du monde ; et je ne voudrais pas, au prix de mon royaume, le voir mourir honteusement. — Sire, dit Lancelot, il faut que la bataille ait lieu ; car je soutiens que le jugement est faux, et que tous ceux qui n’ont pas craint d’y prendre part ont fait acte de félonie. »

Alors il s’agenouilla et tendit ses gages au roi, qui dut malgré lui consentir à l’épreuve. Les barons de Carmelide choisirent leurs trois meilleurs chevaliers, hauts de taille, larges d’épaules ; le plus vieux ayant à peine quarante ans. Le combat fut fixé au dimanche suivant, le premier après la Pentecôte.

La reine en attendant le jour qui devait décider de son honneur et de sa vie, fut reconduite à l’hôtel qu’elle avait choisi, par ses chevaliers qui ne pouvaient s’empêcher de craindre l’issue d’un combat aussi inégal[1].

  1. Il y a deux textes entièrement différents de ce grand épisode du jugement de la reine. J’ai suivi les mss. 751 et 752, qui m’ont semblé plus anciens et d’ailleurs plus corrects dans plusieurs endroits, que le msc. 339.