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jugement de la reine.

gerait jamais dans une cour où tel jugement avait été dressé. « Mess. Gauvain dit le premier : si monseigneur le roi n’y avait eu part, ceux qui l’ont consenti seraient à jamais honnis. » Autant en dit mess. Yvain : Keu le sénéchal alla plus loin encore en déclarant qu’il était prêt à combattre le meilleur, sauf le roi, des chevaliers qui avaient eu part à une aussi odieuse sentence. Au milieu d’un tumulte croissant, Galehaut regarda son ami et lui fit le signe dont ils étaient convenus. Aussitôt Lancelot fend violemment la presse des barons, sans demander qu’on lui ouvre passage ; il trouve sur son chemin Keu le sénéchal qui voulait se porter défenseur de la reine, il le fait rudement tourner sur lui-même en le saisissant au bras. Keu furieux s’élance une seconde fois devant lui : « Arrière crie Lancelot, laissez à meilleur que vous le soin de garder la reine. — Meilleur ? dit Keu — Meilleur. — Et lequel ? — Vous le verrez bientôt. » Puis détachant l’agraffe du riche manteau qu’il portait, il ne regarde pas qui le relève et s’avance en tunique jusqu’au siége du roi : « Sire, dit-il, j’ai été votre chevalier, compagnon de la Table ronde ; cela, par vôtre grâce, dont je vous remercie. Je vous demande de m’en tenir quitte.

« — Comment ! beau doux ami ; parlez-vous sérieusement ?